HISTOIRE LOCALE

 

SUJET xx : Vente aux enchères à la Jarrie Audouin en 1739.

 

Voici une scène naguère courante dans nos campagnes mais aujourd'hui peu pratiquée : la vente aux enchères. Spontanées ou contraintes, ces ventes sont avant tout une source d'informations inespérée pour qui veut mesurer la vie quotidienne de nos ancêtres. Aussi après avoir expliqué le contexte de celle-ci nous en aborderons les détails.

 

Nous sommes au début de l'année 1739. François Jousseaume exerce la profession de Charpentier. Originaire de la paroisse de Saint Pierre de L'Isle il est venu s'installer avec son jeune fils à la Jarrie Audouin après le décès de sa femme Anne Bernard vers 1732. Nous ne savons pas si c'est un accident ou la maladie qui l'emporta. Quoi qu'il en soit lorsque au mois de mars François décède son fils qui se prénomme aussi François n'a que 7 ans. Pierre Tourneur est nommé curateur du jeune garçon qui ira habiter dans la maison Tourneur à la Vaudion. Il faut alors vendre les meubles de la maison Jousseaume maintenant inhabitée.

Pierre Tourneur va voir Joseph Baudouin. En qualité de Sergent de justice de la seigneurie il saura ce qu'il faut faire. En effet celui-ci procède à un inventaire méticuleux du contenu de la maison dont la liste des objets ne représente pas moins de 60 articles. Plusieurs jours avant l'évènement il placarde des affiches sur la porte du four banal, sur la porte de l'église de la Jarrie Audouin et sur celles des paroisses circonvoisines pour annoncer la vente. Enfin il convoque Me Robinet notaire Royal à Saint Jean d'Angely pour consigner les enchères.

Il est six heures du matin le 12 Mai 1739 lorsque Me Robinet se présente chez Pierre Tourneur. Tous deux se dirigent vers la maison Jousseaume dans le bourg où les attendent déjà Joseph Baudouin et une foule venue de toutes les paroisses environnantes pour cette occasion.

Le mobilier, les ustensiles de cuisine ou encore les habits sont vendus par lots. On vend aussi les outils, les cuves et les barriques. Une journée ne suffit pas. L'assemblée se réuni à nouveau les 18 mai et 9 juin pour achever l'encan. On remarque dans l'assistance des noms connus à la Jarrie Audouin mais aussi quelques familles notables des environs.

 

Au final la vente des biens de François Jousseaume se monte à la somme de 333 livres. Il n'existe pas d'étude sur les fortunes mobilières dans cette partie de la Saintonge. Toutefois si l'on compare avec le Poitou tout proche on remarque que cette somme ne représente pas une valeur exceptionnelle. Un laboureur à bœuf devait posséder à sa mort une fortune mobilière d'environ 2000 livres, un journalier dans les 300 livres tandis que le gros de la population que composaient les petits paysans, les métayers et les artisans environ 700 livres.

Comment expliquer que la fortune mobilière de François Jousseaume est de deux fois inférieure à la moyenne des artisans? Mauvaise gestion? Maladie (qui fut fatale)? L'inventaire était-il complet? Rien ne permet de trancher. Quoi qu'il en soit cet inventaire nous apporte au-delà du récit de cet épisode de vie locale une liste d'objets typiquement de nos villages que nous vous présenterons lors du prochain article !

 

P.Lacheteau