HISTOIRE LOCALE

 

SUJET 6 : Les pigeonniers de la Jarrie

 

En flânant à la Vaudion, vous y remarquerez un pigeonnier. Ce bâtiment, à l’architecture si particulière interpelle toujours par sa beauté. Malheureusement nous n’avons pas de précision sur celui-ci et sommes prêt à recueillir tous vos témoignages. Par contre nous connaissons mieux celui qui ornait le château de la Jarrie Audouin. Nous l’utiliserons pour expliquer le rôle et l’historique des pigeonniers.

L’élevage des pigeons apparaît en Saintonge à des époques très reculées, probablement dés le Moyen Age. A l’origine, le droit de posséder un pigeonnier était, au même titre que le moulin et le four banal, réservé aux seigneurs. Par la suite, certains roturiers purent en ériger à la condition d’avoir au moins 50 arpents de terre labourable- au tour du pigeonnier. Enfin ce droit est définitivement supprimé à la révolution. Certains cahiers de doléance recueillent alors des protestations parce que les pigeons du seigneur prélèvent parfois leur nourriture sur les récoltes.

Les pigeonniers portent également les noms de colombier ou de fuie. L’appellation de fuie est plutôt réservée lorsque le bâtiment appartient au château comme c’est le cas à la Jarrie Audouin. Nous avons connaissance de la fuie du château de la Jarrie Audouin depuis 1699, mais il y a fort à parier qu’elle fut élevée lors de la construction du château peut être dés le XVème siècle. Elle devait se situer entre le logis et la garenne. Nous en avons la description suivante faite le 29 mai 1776 par des témoins devant un notaire pour en évaluer l’état.

« ils ont observé que la porte d'entrée de la fuye est passablement bonne garnie de deux gonds deux ardivelles avec une serrure, que l'échelle tournante est bonne le tour du bas de la dite fuye ayant besoin d'être crépi griffonné et a besoin d'être blanchi de chaux et dehors la couverture en tuile plate paroit être en bon état »

Le pigeonnier se présente sous la forme d’une tour, construite à l’intérieur de la basse court du château mais à son point le plus éloigné du logis afin de préserver la tranquillité des pigeons. A l’intérieur de la bâtisse, une échelle tournante (soit au tour d’un axe central, soit qui coulisse sur le bord du mur) permet aux personnes d’accéder aux boulins. Les boulins sont des pots en terre ou en céramique qui servent de nids. Le 14 septembre 1727, Jean Noret fermier du château de la Jarrie et y demeurant, donne une somme de 100 livres à Pierre Reau maçon à la Jarrie Audouin pour les travaux qu’il fait à la fuie et notamment pour avoir fourni 200 pots.

Les pigeons qui peuplaient ces bâtiments était de race à demi sauvage, différente du gros pigeon de volière. Si on comptait 6 semaines pour qu’un pigeonneau soit bon pour la vente à la consommation, l’apport alimentaire n’est pas la seule motivation pour construire des pigeonniers. Certes, la beauté et la taille du bâtiment constituait pour le seigneur un moyen de montrer sa puissance et sa fortune, mais on trouve un autre intérêt à ce type d’élevage. Avant l’apparition des engrais, l’agriculture ne connaissait que le chaulage (épandage de chaux sur le sol) et le fumier d’animaux pour fertiliser les terres. La colombine, cette fiente abondante des pigeons apparaît comme un engrais précieux et utile pour le lin, le chanvre et les cultures potagères.

 

P.Lacheteau